ment dans la salle et à la remplir. C’était à la fois une scintillation douce et tremblante, un murmure à peine perceptible et un parfum léger et subtil qui caressait les sens. Une brume diaphane montait du sol et se massait peu à peu. Enfin une forme à grands contours indécis se dressa, s’approcha, s’éleva en l’air et s’évanouit.
« Qu’est-ce que cela ? demanda Soltyk à voix basse.
— Je ne sais pas.
— Peut-on forcer les morts qui nous étaient chers à apparaître devant nous ?
— Oui.
— De quelle manière ?
— Concentrez toutes vos pensées, tous vos sentiments, toute votre volonté sur cette personne que vous voulez voir. »
Il y eut un moment de silence, puis le rideau s’ouvrit et l’on distingua une haute forme d’homme.
« Mon père, murmura Soltyk.
— Parlez-lui.
— Puis-je m’approcher de lui ?
— Vous pouvez tout ce que vous voulez. »
Soltyk sortit un revolver de sa poche.
« Me permettez-vous de tirer sur l’apparition ? demanda-t-il.
— Pourquoi non ? répondit Dragomira. Tirez ! »
Un éclair, une détonation, un peu de fumée. La forme était toujours là debout.
« Incrédule ! » s’écria une voix sourde qui semblait venir de la tombe.
Soltyk s’avança d’un pas résolu vers l’apparition et chercha à saisir la blanche et ondoyante draperie ; mais elle fuyait comme un brouillard entre ses doigts, et la figure disparut à ses regards.
« J’ai offensé l’esprit, dit-il.
— Il semble. »
Soltyk revint près de Dragomira.
« C’est en vain que je me mets en défense contre ce que je vois et entends ici, murmurait-il, il faut que j’y croie, malgré moi. Si je ne deviens pas fou auparavant, vous réussirez sans aucun doute à me convertir. »
Alors apparut une deuxième figure, celle d’une femme dont les yeux étaient attachés sur le comte avec l’expression d’un amour céleste.
« Oh ! ma mère ! s’écria-t-il.