Page:Sacher-Masoch - La Pêcheuse d’âmes, 1889.djvu/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
185
LA PÊCHEUSE D’AMES.

Elle se releva et lui donna un coup sur la joue :

« Tiens, baise la main qui t’a châtiée. »

Henryka obéit de bon cœur, et, toute transportée, elle se précipita aux pieds de Dragomira pour les couvrir de baisers.

« Je veux être ton esclave, murmura-t-elle ; il est si facile et si doux de t’obéir.

— Crois-tu ! répondit Dragomira ; pour le commencement je suis contente de toi. Tu entres sans hésiter dans ta nouvelle destinée. Mais il faut d’abord que tu me connaisses. Que Dieu te soit en aide, si tu t’appuies sur moi ! Désormais, tu n’as plus à penser, je pense pour toi ; tu n’as plus d’autre volonté que la mienne. Tu n’es rien et je suis tout. »

Elle releva la tête comme une souveraine et posa lentement le pied sur le cou d’Henryka, pendant que celle-ci, saisie d’une mystérieuse angoisse, pleurait doucement et en secret.