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LA FEMME SÉPARÉE

d’acier, accoutumé à résister aux larmes, aux prières, aux menaces, ne pouvait supporter les flèches ironiques qu’on lui lançait de toutes parts. Ce qui le blessait le plus vivement, c’était qu’on le nommât docteur de la « science humaine ». Et cependant ce sobriquet était comme fabriqué pour lui, attendu qu’il possédait cette « science humaine » comme personne.

Maintenant, il cherchait à acquérir des amis, de l’estime, une bonne réputation, des connaissances haut placées, à l’ombre desquelles il pût se tenir. Il aurait sacrifié des millions pour la réputation d’un « homme d’honneur. »

Lorsqu’il rencontrait un homme du monde qui n’avait pas honte de se montrer avec lui dans la rue, il s’accrochait à son bras et regardait effrontément les passants comme pour leur dire : « Regarde comme je suis honorable. »

C’est ainsi qu’il s’accrocha fiévreusement à mon mari, lui prêta de l’argent, trinqua avec lui, me suivit pas à pas, m’accompagna de ma loge à ma voiture, apporta à mes petites filles des friandises, les appelant ses « petites femmes » ; bref, il se conduisit d’une telle manière, que plusieurs…

Mme de Kossow éclata de rire.

— Lui, du moins, me faisait la cour à sa manière, mais dans les meilleures intentions du monde. À peu