Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
61
LA FEMME SÉPARÉE

baptiser, s’établit dentiste, et accrocha au-dessus de l’armoire où il tenait ses instruments, une petite vierge en pierre achetée dans un encan. Puis, il fournit ses preuves, et montra qu’il n’avait pas étudié en vain les hommes et la société.

Il commença ses affaires dans notre pays encore barbare avec un prestige ! et quel prestige ! Comme un charlatan. Le mot qui exprimerait cela n’est pas encore trouvé.

C’est inouï, le tapage qu’il fit pour attirer l’attention du monde sur son talent fabuleux.

Il fit jouer de la trompette devant sa maison, du matin au soir. Vous jugez si cela fit de l’effet et attira les imbéciles !

Du reste, notre contrée était alors vraiment très en retard pour tout ce qui concerne les dents et leurs différentes affections.

Il se précipitait comme un loup affamé sur les diverses découvertes qui avaient lieu dans la capitale. C’est lui qui le premier fit chez nous usage du chloroforme.

Aujourd’hui, il annonçait des « dentaires absolument perfectionnées, » demain « des opérations sans douleur » :

« Le patient éprouve, après l’extirpation de la dent, une impression délicieuse. Toute garantie. Dix mille cures merveilleuses. »