Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
LA FEMME SÉPARÉE

plus, lorsqu’il sera éteint, elle étouffera sous la lourde cendre de la vie et de ses devoirs.

Maintenant, comme elle ne vit que pour et par l’amour, que l’atmosphère chaude de la passion est en quelque sorte indispensable à sa constitution, il arrive que — lorsque l’amour de son mari ne lui paraît plus assez grand — elle sent le besoin de chercher un remède dans un autre amour, et se jette dans une ère de lutte entre l’assouvissement de sa passion et son devoir de se conserver pure pour ses enfants.

Elle se montre, en cela, plus morale que l’homme, puisqu’elle n’est pas séduite par ses sens, mais ne réclame un autre amour que lorsque celui qui l’a contentée jusqu’alors ne lui suffit plus. D’un autre côté, il ne lui sera pas, comme à l’homme, possible de résister à la passion qui la dévore, par la raison, par le sentiment de son devoir ou la force de son caractère.

La femme ne connaît pas d’autres liens que l’amour. C’est l’amour qui l’enchaîne, c’est l’amour qui la détache de ses devoirs. Dans ce cas, rien ne la ramène dans le bon chemin ; ses enfants moins que toute autre chose, parce qu’ils sont les tristes témoins de sa félicité perdue.

Le mariage et l’adultère marcheront la main dans la main, aussi longtemps que la femme n’aura pas,