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LA FEMME SÉPARÉE

nité, si prisée des Allemands en particulier, sinon une excitation et une volupté raffinée ? Car c’est une loi physique que tout dans la nature cherche son semblable, et que l’homme qui a atteint sa puberté est créé pour la femme complètement développée et non pour la jeune fille à peine formée. L’homme s’arroge des droits qu’il condamne si la femme les réclame ; la bassesse, même, ne nuit pas à sa réputation, mais il exige de sa femme la pureté d’une sainte image. Et la pauvre femme est si peu faite pour représenter un idéal. En elle, les forces de la nature, ces forces que la religion attribue à la méchanceté du diable, sont toujours excitées, toujours chancelantes. La femme a besoin de l’homme comme d’une ancre solide, car elle est plus sensuelle, plus cynique, plus esclave de ses passions que lui. Elle est, à proprement parler, faite pour le péché et pour l’inconstance.

— En un mot, lorsqu’elle pèche, elle est toujours innocente ! hasardai-je.

— Vis-à-vis de l’homme, oui. Mais ce qui, chez elle, ressemble d’un côté à de la faiblesse est souvent de la force. Tandis qu’elle ne semble créée que pour le plaisir, la satisfaction de l’homme, elle le rend souvent esclave de sa propre volonté et même de ses caprices ; cela est tout naturel. Le paysan le plus rapace, qui hésite pour l’achat d’un livre ou