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LA FEMME SÉPARÉE

et de me rétablir dans mon ancien luxe, de me rendre mes enfants.

Kossow l’écouta en souriant et lui répondit :

— Dites donc, vous me voulez bien du mal !

Il se rendit ensuite chez ma belle-mère, et là il réussit à souhait. Il obtint une réconciliation. Mon père me prit chez lui, et promit de veiller à mon entretien.

Je souffris longtemps. Je vis la mort de près. Enfin, je me remis, après de longs mois ; ma convalescence fut longue.

Un an s’écoula avant que je pusse sortir.

J’entendais peu parler de Julian. Il était en voyage, je crois. Un jour, tout à coup, je le rencontrai sur le trottoir, près du Wall.

C’était la première fois que nous nous voyions depuis notre rupture.

Je levai les yeux au ciel, puis je le regardai.

Il sourit imperceptiblement et passa sans me saluer, sans même porter la main à son chapeau. Je faillis me trouver mal. Je me retins au mur. — Ainsi, nous en étions là.

L’homme qui m’avait adorée, qui m’avait baisé les pieds, l’homme qui avait vécu à mes genoux comme un chien, — cet homme avait honte de moi maintenant. Cet homme qui avait été sur le point de se suicider parce que je le repoussais, cet homme