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LA FEMME SÉPARÉE

pour le suivre. Je n’y tins plus. Je me levai, et je criai à moitié folle :

— Il n’est pas coupable, Julian. Je t’ai trompé !

Julian resta immobile. Il me regarda d’un œil vague, et comme sans comprendre. — Enfin, il vit le Polonais qui se tenait là, tout pâle. Il saisit alors sa canne à pomme de plomb et se mit à battre Mezischewski ; il lui aurait brisé tous les os, il lui aurait haché le crâne, je crois, si Wally ne se fût précipitée dans la chambre et jetée sur lui pour le retenir.

Le bâton tomba à terre.

— Jésus, Marie ! gémit le Polonais, dont le sang coulait à flots.

Il leva les bras au ciel et descendit en deux bonds l’escalier.

Julian était horriblement pâle. Il vint vers moi les lèvres serrées et…

Mme de Kossow couvrit son visage de ses deux mains et se mit à sangloter.

— Et… il me frappa au visage.

Ce fut un moment horrible. Je n’osais pas faire un mouvement. Peu à peu, cependant, la pauvre femme se remit. Elle essuya ses larmes et me regarda de ses grands yeux tristes.

— Vous ne vous êtes pas attendu à cela, dites ?

— Non.