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LA FEMME SÉPARÉE

d’honneur que tu ne t’attaqueras qu’à son nez rouge, nous le forcerons à se battre au sabre. Ce sera une bonne plaisanterie.

— Je n’ai aucune envie de plaisanter, je t’assure, répondit Julian. Je suis décidé à me battre. Si je rencontre Mezischewski chez Mme de Kossow, ou même dans la rue, je lui appliquerai la correction qu’il mérite.

Sur ces entrefaites, j’envoyai, horriblement effrayée, Wally chez Julian, tandis que je m’habillais… Elle le rencontra en ville, qui venait chez moi. Elle le saisit par le bras et le maintint fortement, sans parler, car elle était hors d’haleine. Enfin, elle put lui dire : « Elle… elle lui a écrit… elle ne veut plus le recevoir — elle n’aime que vous — mais pas de duel — pas de duel. »

Mezischewski, naturellement, n’osa pas se mesurer avec Julian. Il n’osa pas non plus revenir me voir. Durak, qui était aussi un coquin, m’apporta deux fois par jour le bulletin de sa santé, ce qui m’ébranla singulièrement dans ma résolution de rester fidèle à Julian. À vrai dire, les nouvelles qu’on m’apportait du Polonais eussent dû me faire rire. Elles annonçaient que le « membre du gouvernement national », le « héros de tant de batailles » était au lit, malade comme une petite fille nerveuse, pleurant de toute la force de ses yeux purulents.