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LA FEMME SÉPARÉE

Ils continuèrent leur route sans parler.

Je tressaillis lorsque je les vis entrer ensemble dans mon boudoir. J’étais couchée. Je me relevai vivement. Mes cheveux m’inondaient de leurs longues mèches. Julian était très pâle, Mezischewski horriblement rouge.

— Eh bien, maintenant… dites vous-même… il ne veut pas croire… que vous ne voulez plus le voir.

— Tu ne veux plus me voir ? dit Julian en me regardant fixement d’un air sévère.

Je tremblai sous ce regard.

— Qui te l’a dit ? murmurai-je.

— Cet individu-là, dit Julian avec mépris.

— Moi mentir, toujours mentir, naturellement ! cria Mezischewski.

— Calme-toi, interrompit Julian brusquement. N’oublie pas où tu es.

— Oui, moi mentir, moi faux, dit le Polonais en s’asseyant sur mon lit, ou bien, aussi, femme pas franche. Je t’en prie, laisse-nous seuls, un instant, toi voir tout de suite.

Julian le toisa, puis me regarda un instant et se rendit dans la chambre voisine. Je constatai sur son visage une expression qui me fit frissonner.

Cependant j’eus la faiblesse de consentir à ce que Mezischewski exigeait de moi.