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LA FEMME SÉPARÉE

ses doigts caressent la fourrure de votre kasabaïka. Vous vous penchez vers lui, il vous embrasse, vous vous relevez, il vous attire sur son cœur, vous voulez vous dégager, il vous retient d’une main ferme, il vous dévore de caresses. Tout est sombre à mes yeux. Ah ! malheur !

» Je crois que je vais devenir fou. Je me jette par terre en rugissant, et je plonge mon front brûlant dans la neige. »

Mme de Kossow me reprit la lettre.

— N’allez pas vous imaginer, dit-elle, que j’eusse pitié de ce fou. Je ris aux larmes en recevant ces lignes, et, lorsqu’il vint me voir, le jour suivant, je ne pus attendre le moment où il s’en irait et me laisserait seule avec Julian. Julian avait repris toute sa froideur. Il fut aimable avec moi, mais il ne me couvrit pas de caresses, comme je m’y attendais. Son visage était sévère. Il m’en imposa énormément, et j’eusse beaucoup donné pour qu’il ne se retirât pas d’aussi bonne heure. Mais il partit et le Polonais resta. Un jour, deux jours s’écoulèrent. Julian devenait de plus en plus froid. Il semblait être honteux de son heure de faiblesse. Cela m’agita à un tel point que, le soir du troisième jour, je n’y tins plus. Je lui demandai ce qu’il avait contre moi. J’avais beau me persuader que je ne