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LA FEMME SÉPARÉE

Julian regarda à terre. Je savais ce que voulait le Polonais. — Cette scène se passait dans mon appartement même. — Je vis Julian faiblir, et, comprenez-vous ? — j’eus l’imprudence de prier Julian de donner sa signature par amour pour moi !

— Moi, n’ai espoir qu’en toi, gémit Mezischewski. Toi célèbre par ta bonté, ta générosité ; — les autres, ils m’ont abandonné… Sauve-moi ; sinon, il ne me reste qu’à me brûler la cervelle.

— Bon. Viens demain chez moi, dit Julian d’un air sombre. Apporte la traite.

— Oh ! homme excellent ! s’écria le Polonais.

Il pressa Julian dans ses bras, l’embrassa deux fois sur chaque joue, et fondit en larmes.

Lorsque, le jour suivant, il fit son apparition chez les Romaschkan, la mère de Julian dit à son fils :

— Garde-toi de ce Judas, mon fils. Il porte un signe fatal.

Julian ne remarqua pas le signe. Mais un pressentiment funeste le saisit au cœur quand il apposa sa signature, et, involontairement, il devint tout pâle.

— Qu’as-tu ? demanda Mezischewski.

— Rien, repartit-il. Tiens, prends.

Nouvelles larmes. Nouvelles effusions.

Lorsque le Polonais se fut éloigné, Mme de Romaschkan entra dans la chambre de Julian.