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LA FEMME SÉPARÉE

heureux qu’on me tînt un peu compagnie, pendant qu’il travaillait, et qu’il priait Mezischewski, puisqu’il lui était si dévoué, de surveiller, sans les décourager, les gens qui seraient tentés de me faire la cour.

C’est à ce point qu’il avait confiance en sa maîtresse et en son ami.

Cette loyauté m’offensait, je vous assure.

« Croit-il donc impossible qu’un autre m’aime et que je lui rende son amour, me disais-je souvent, ou s’imagine-t-il peut-être que ma position me lie irrévocablement à lui ? Soit, c’est ce que nous allons voir. »

Ainsi que je vous l’ai dit, j’étais aigrie, et aigrie à un degré tel que je me serais jetée dans les bras du premier venu. Et si vous aviez vu comme Mezischewski mentait ! À l’en croire, il avait dirigé la conspiration, et même toute l’insurrection ; c’était lui qui avait remporté toutes les victoires. Il avait été membre du gouvernement national. Quant à son vrai nom, il devait le taire, de peur d’être expulsé. Il avait réussi à sauver une grande partie de ce qu’il possédait, en faisant parvenir une forte somme à sa sœur. En effet, il me montra un télégramme de Cracovie, qui annonçait à son adresse l’arrivée de vingt mille roubles.

Il ne racontait jamais de petits mensonges. Il