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LA FEMME SÉPARÉE

Eux, de leur côté, virent tout de suite qu’il était leur homme. Ils se montrèrent toujours de son avis ; ils jouèrent les martyrs, les persécutés ; ils firent valoir les sacrifices rendus à une noble cause politique ; ils s’attachèrent à lui et le tutoyèrent au bout de huit jours.

Les embarras d’argent se présentant bientôt, Blotnizki, beau jeune homme d’une vingtaine d’années, se mit au lit, fit le malade, se lamenta et râla d’une façon si naturelle que Julian fit flèche de tout bois pour lui procurer une petite somme, des aliments et des médicaments.

Il voulait même lui envoyer son médecin, mais Mezischewski déclara qu’il était lui-même docteur et que, bien qu’il eût perdu son diplôme lors de l’insurrection, il en savait aussi long que tous nos médecins. Et Julian était une nature si franche, si bonne, il témoignait tant de confiance à tous ses amis, et à moi en particulier, qu’il me proposa de rendre avec lui visite au jeune malade.

— Tu verras encore mieux que moi, me dit-il, ce qu’on peut faire. Ne me refuse pas de m’accompagner, je t’en prie.

L’idée m’amusa. Il faut vous dire que je m’ennuyais à mourir. Je fis donc une brillante toilette, et nous nous rendîmes chez M. Blotnizki.

Mezischewski, cela va sans dire, était au chevet