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LA FEMME SÉPARÉE

Quand il revient à lui, il se trouve sur un lit moelleux. La jolie femme est étendue à ses pieds.

— Tu as subi l’épreuve, dit-elle. Tu es un homme. Je serai à toi, si tu peux encore m’aimer.

Il lui tend les bras. Deux cœurs fiers battent maintenant, pressés l’un contre l’autre, des lèvres chaudes s’unissent dans un long baiser.

Mme de Kossow se mit à rire.

— Vous jugez si je m’entendais à jouer ce rôle ; songez un peu : moi, froide, inexorable, un fouet à la main, tandis que je m’évanouis à la vue d’une simple goutte de sang.

Néanmoins, je résolus de réaliser une fois son idéal… Enfin, vous allez voir.

J’étais persuadée qu’il m’était fidèle. Mais j’avais peur de l’avenir. Plus il me choyait, plus je sentais qu’il ne vivait que pour moi, et plus je m’imaginais qu’il ne saurait résister à la tentation lorsque la tentation viendrait. Mon Dieu ! si la femme de ses rêves allait lui apparaître ! S’il allait la rencontrer dans le monde ! Résisterait-il à la tentation ? Oh ! il est impossible que cette femme n’existe que dans un rêve ! Bref, le doute me rongeait jour et nuit. Alors il me vint à l’idée d’exécuter mon plan.

Non. Il vaut mieux que vous lisiez : cela vous amusera davantage. Prenez son journal. Tenez, là… au haut de la page.