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LA FEMME SÉPARÉE

ne découvris nulle trace. Je battis la forêt dans toutes les directions, je traversai les champs, je questionnai tous ceux que je rencontrais : rien !

Plusieurs heures s’étaient écoulées. Je me sentais épuisé. Je retournai à la place où cette aventure m’était arrivée, je me jetai par terre, puis je me relevai, et suivis la lisière de la forêt. Je n’avais pas fait cent pas, que je me trouvai devant une carrière de sable, d’où s’éloignait un sentier étroit, serpentant dans les pâturages.

C’est par là qu’elle avait passé. Je le devinai immédiatement, bien que je n’en eusse aucune preuve. En m’approchant, je distinguai la trace d’un pied humain sur le sable qui conduisait au sentier. Là, la trace s’arrêtait.

Je m’agenouillai, et j’examinai chacune des traces aussi avidement et avec autant d’attention qu’un géologue à la piste d’un animal antédiluvien.

C’était la trace d’un petit pied, bien formé, une empreinte ferme et distincte. Je me relevai, et suivis sans but le sentier qui se déroulait dans la prairie et conduisait à une statue de la Vierge. Là, il se divisait. Je réfléchis un instant, puis je repris le chemin de mon logis, de très mauvaise humeur. L’obscurité tomba vite. La lune s’éleva dans le ciel, enveloppant d’une lueur mélancolique les bouleaux blancs qui bordaient la route. Il y a deux sortes