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LA FEMME SÉPARÉE

de velours grenat. Une kasabaïka de velours rouge garnie d’hermine et découvrant les bras accuse ses formes. Sa gorge nue frissonne sous le fouillis des dentelles qui la parent, les boucles de ses cheveux noirs retombent en désordre sur ses épaules.

» J’avais honte, vraiment, honte de l’avoir considérée longtemps comme une femme ordinaire, honte de ne pas avoir connu l’étendue de mon bonheur, de ne pas avoir adoré cette femme à genoux… »

— Je lui racontai, interrompit Mme de Kossow, que mon portrait était destiné à inaugurer la galerie des jolies femmes de notre pays, que Prinzhofer voulait fonder, et il rougit de joie et d’orgueil. Maintenant, continuez votre lecture, et n’oubliez pas que c’est un poète, un idéaliste qui écrit ces lignes, un don Quichotte qui parle de sa Dulcinée.

« Sa beauté est idéale ; en elle se réunissent toutes les perfections rêvées… »

— C’est ainsi, je crois, que parle le chevalier de la Manche : ses yeux sont des soleils… oui, à peu près quelque chose dans ce goût-là. Sans cela vous pourriez vous imaginer que je suis d’une vanité stupide en vous donnant à lire cela.

— Il ne peut pas être question de vanité, m’écriai-je, là où la conscience d’une beauté réelle existe.

Mme de Kossow me perça d’un long regard. Ce