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LA FEMME SÉPARÉE

menade, et que Julian, selon son habitude, marchait en avant, il me fit à voix basse une proposition que j’accueillis par un grand éclat de rire. Il s’en montra vivement piqué. Julian ne lui en demanda pas la cause. Il était trop fier pour être curieux. Quelque temps après cette aventure, le valet de Nubie arriva, sous la forme d’une tasse de thé.

— Comment cela ?

— Julian avait invité son faune littéraire à prendre chez nous une tasse de thé, dans la soirée. Le soir vint, mais on ne vit pas venir le thé. Je savais que Würger y tenait, et je voulais lui jouer ce mauvais tour. Julian s’excusa, mais cette suppression de thé échauffa tellement la tête de M. Würger, qu’il ne nous adressa plus la parole. Et après avoir passé encore deux ou trois semaines dans la maison des Romaschkan, isolé comme un lépreux, il déménagea sans remercier personne, et on ne le revit plus.

— Bon ! encore un des galériens de votre don Quichotte ! fis-je remarquer.

Mme de Kossow fit un geste affirmatif de la tête et alluma une nouvelle cigarette.

— Pendant ce temps, continua-t-elle, mon mari s’amusait avec une belle jeune fille nommée Lodoïska. Il avait fait sa connaissance aux eaux, où elle était avec sa mère. Ces deux dames jouissaient