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LA FEMME SÉPARÉE

— Eh bien, je vous conseille d’y songer au plus vite et de saisir cette occasion-là aux cheveux. Croyez-vous que vous retrouverez, durant votre vie, une statue d’un marbre aussi pur ?

À partir de ce jour, il fut comme en fièvre ; il voulait me voir par les yeux de Julian ; sa luxure n’avait plus de bornes.

Julian lutta quelque temps avant d’oser me communiquer son désir. Un jour, enfin, il me le témoigna en rougissant. Son trouble, sa confusion m’amusèrent beaucoup.

— Ce n’est pas un désir sensuel qui me pousse à te demander cette faveur, dit-il, mais un besoin d’observation, une envie immense de contempler ta beauté sans voiles. Je sais que je ne n’ai aucun droit d’exiger de toi ce sacrifice. S’il te plaît de me l’accorder, je le considérerai comme une grâce, et je t’en remercierai à genoux.

— Et vous consentîtes ?

— Non, je m’y refusai, répondit-elle avec un fin sourire, mais… je refusai seulement parce que mon teint n’était pas très-beau dans ce temps-là.

— Mais plus tard…

— Attendez donc ! dit-elle gaîment. Que voulais-je dire ? Ah ! j’y suis. Le faune cependant ne parut pas renoncer à l’idée de se livrer à une étude d’après l’antique, car, un soir que nous revenions de la pro-