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LA FEMME SÉPARÉE

Ces quelques mots rendirent à Julian son sang-froid et son énergie habituels. Il était sûr de moi. Il se serait battu avec des géants ou des dragons. Puis, Turkul lui avait confié un secret qui pouvait lui servir beaucoup. Son père, le général, tenait en main la preuve que Kossow avait dû donner sa démission à la suite d’un attentat odieux qu’il avait commis sur la personne d’une femme. Il n’avait échappé à la justice qu’en sacrifiant des sommes énormes. J’étais au lit, dévorée par la fièvre. Ma belle-mère et mon père surveillaient mon mari, qui me torturait de la manière la plus infâme, essayant de m’arracher la promesse que je ne reverrais plus Julian. Ma maladie ne l’arrêtait pas. Je croyais ma dernière heure arrivée, lorsqu’un soir j’entendis la voix de Julian.

Elle me tira de mon délire. Plus de doute ; il était là, il venait pour me sauver.

— De quel droit entrez-vous ici ? s’écria grossièrement mon mari.

— Il n’est pas question de droit, repartit Julian très en colère. Vous avez failli à votre parole. Vous maltraitez votre femme, vous menacez son existence. Je viens lui porter secours.

— Comment osez-vous venir ici ? répéta mon mari.

— Vous avez raison, Je me déshonore en fran-