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LA FEMME SÉPARÉE

Julian ; lui, s’étendit par terre, à mes pieds. Après quelques heures d’un sommeil fiévreux, Turkul vint nous réveiller. Mon père était furieux de toute l’affaire. À ma grande surprise, ma belle-mère, qui détestait Kossow, prenait ma défense. Mon père était décidé à s’opposer à une séparation légale. Il ne voulait pas que je perdisse mon rang dans la société, car il ne croyait pas à la durée de mon amour. Il connaissait bien sa fille, hélas !

Il pria Turkul de revenir le voir à midi. Turkul y rencontra mon mari, qui, après une scène aussi pénible que désagréable, consentit à renoncer à moi. Seulement, et pour ménager la situation des enfants, il exigeait que j’habitasse avec lui. Il voulait que je réintégrasse tout de suite le logis conjugal, avant que nos gens se fussent aperçus de ma fuite et que son honneur fût atteint publiquement. De son côté, Turkul promit, au nom de Julian, que celui-ci renoncerait absolument à ses visites chez moi.

Une heure plus tard, je retournai chez mon mari, accompagnée de ma belle-mère. Mon mari me reçut d’un air affable, il me salua poliment, et ne parla pas de ce qui s’était passé. Mes enfants se jetèrent dans mes bras, tout joyeux.

J’étais heureuse d’avoir acquis ma liberté à si bon marché, et je me sentais le cœur léger ; mais