DEUXIÈME PARTIE
Mme de Kossow prit le journal de Julian et l’ouvrit
devant elle sur la table.
— Les jours, les soirées qui suivirent furent empreints d’une douce joie, dit-elle d’un ton fort bas. Nous avions tant à nous dire, à nous raconter ! Nous restions aussi de longues heures embrassés, sans parler, et nous contemplant avec extase. Je l’aimais. Il était à moi. Je jouais avec son âme comme avec un instrument. Que d’heures exquises nous passâmes à admirer les principaux chefs-d’œuvre des écoles italienne et hollandaise, dont Julian possédait les gravures tracées au burin de main de maître ! Nous lisions aussi Gœthe, Shakespeare, Pouchkine. Je comprenais la poésie maintenant ; il n’était rien que je n’eusse pu comprendre. Puis, je devins une amazone accomplie.
Julian m’avait fait confectionner une petite rapière et une cuirasse qui moulait ma gorge sous ses écailles