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LA FEMME SÉPARÉE

aussi celles d’un condamné à mort. Que peut-elle faire ? Ces préparatifs m’inquiètent comme ceux du bourreau inquiètent le malheureux patient attaché au poteau. — Le ciel se couvre. Il semble qu’on y ait jeté un long drap noir. La chambre est comme une église durant le Requiem. Dans le lointain, le tonnerre gronde. Un orage en automne.

» Voici un éclair. Un coup de tonnerre ébranle la maison. Les murailles tremblent, les lumières flamboient. Elle ouvre le rideau. Ah ! Dieu ! — Mon rêve ! Mais qui lui a donc dit ?…

» Elle se tient devant moi, maintenant, d’un air majestueux, et me regarde avec son tranquille sourire. Une longue jupe d’un brun doré tombe le long de ses hanches ; une jaquette de velours violet serre sa taille ravissante. Cette jaquette est garnie de petit-gris aux soies argentées. Dieu ! qu’elle est belle ! Les flots noirs de ses cheveux se déroulent sur ses épaules. Elle baisse les yeux. Ses cils soyeux forment une raie sur ses joues pâles. Je tombe à genoux… »

— N’oubliez pas que tout cela, c’était pour le très estimable public ! interrompit Mme de Kossow. De plus, comme je savais combien ma toilette, la majesté de mon maintien, devaient imposer à Julian et faire naître en lui des espérances insensées, je