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LA FEMME SÉPARÉE

— Je devine.

— Eh bien ?

— Le travestissement de cette comédie divine était la jaquette de fourrures de Wanda ?

Mme de Kossow me regarda d’un air railleur :

— Ma toilette répondait absolument à mon rôle.

Le soir attendu arriva. Julian avait loué pour nous une ravissante maisonnette dans un faubourg éloigné. Il l’avait meublée élégamment. — Mais… Pourquoi pas ? — Attendez, tout cela est décrit d’une façon charmante dans son journal.

Elle feuilleta de nouveau le volume et me le tendit.

« Le 2 octobre…, » lus-je à haute voix.

— Non, pas là ! s’écria Mme de Kossow vivement, ici.

Elle appuya ses bras au dossier de mon fauteuil, et regarda dans le volume par-dessus mon épaule :

« Je suis depuis une heure à la fenêtre et je l’attends… Enfin, voici une voiture ; elle s’arrête devant ma porte ; c’est elle. Je la vois sauter à terre, gracieuse comme une chatte ; elle ouvre la porte, elle monte l’escalier. Encore deux secondes, et elle est en ma puissance, cette femme forte ! Elle entre, enveloppée d’un long manteau gris, un sourire sur les lèvres. Ce sourire me fait trembler. Elle me fait un