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LA FEMME SÉPARÉE

que j’avais eus avec le frère de mon mari, les humiliations, les souffrances que je m’étais imposées. Il lut au plus profond de mon âme, et il se couvrit le visage de ses deux mains sans parler.

— Et quant à ce qui concerne mon mari, dis-je pour terminer, ai-je le droit de l’abandonner ? N’est-ce pas assez de l’avoir trompé si longtemps, lui qui m’aime d’une affection si sincère, si fidèle, lui si honnête ?

Julian m’interrompit par un bruyant éclat de rire.

— Qu’avez-vous donc ? qu’y a-t-il ? demandai-je, très vexée.

— Ah ! rien ! cela se rapporte à la fidélité et à l’honnêteté de votre mari.

Il se remit à rire.

Je pâlis.

— Vous croyez ? murmurai-je.

— Je ne crois rien du tout, dit Julian avec mépris. Je sais que votre mari est l’amant de la petite Kaminska, vous savez, cette actrice blonde du Théâtre-Polonais. J’ai vu un cachemire splendide qu’il lui a donné, des boucles d’oreilles…

Je me jetai sur le divan, où je sanglotai à tout rompre.

— Oh ! de ravissantes boucles d’oreilles, continua Julian avec un grand sang-froid. Je crois que c’é-