se développera. Avec cette « brave femme » à vos côtés, vous étoufferez votre talent.
— Mais Élisa me comprend parfaitement ! s’écria-t-il.
Chacune de ses paroles était un coup de cravache.
— C’est-à-dire qu’elle vous sert d’écho ! m’écriai-je avec une sorte de fureur. Vous vous entendez vous-même, et je comprends que ce doit être un plaisir sans pareil.
— Vous êtes cruelle, me dit Julian froidement.
— Mais aussi je suis très malheureuse ! m’écriai-je, en laissant échapper les larmes que je retenais depuis si longtemps.
Je couvris mon visage de mes deux mains, je me jetai sur le divan et commençai à sangloter.
Julian prit son chapeau et sortit.
Je ne le rappelai pas.
Le lendemain néanmoins je me vêtis avec la plus exquise élégance, et je fis, au bras de mon mari, ma visite à la famille de Romaschkan.
Nous fûmes reçus très amicalement, surtout par le père de Julian, qui était un vrai gentilhomme.
Sa mère, une femme à la constitution délicate, à l’intelligence vive et au caractère de fer, se montra également fort avenante, mais ne se départit pas un instant de sa raideur, et me gratifia, lorsque nous