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LA FEMME SÉPARÉE

visagea notre position ! Il m’imposa. Il semblait que j’avais perdu tout ascendant sur lui.

Pensez qu’il eut même le courage de revenir sur notre précédente conversation, après laquelle j’avais, en quelque sorte, et d’une façon indirecte, refusé son amour.

— Je vous dois une explication, commença-t-il. Mon absence a besoin d’être justifiée. Vous m’avez appliqué et vous vous êtes appliqué ce que je disais en général.

Maintenant, c’était à mon tour d’être humiliée, et au plus profond de mon être.

— Comment pouvez-vous penser ?… l’interrompis-je méchamment. Vous avez une fiancée !

— Oui, une fiancée que j’aime, continua-t-il d’un ton calme, et qui est digne de mon amour et de mon estime en tous points.

Pour le coup, j’étais anéantie. La colère me serra le cœur. Mes joues s’empourprèrent.

Julian vit l’effet de ses paroles, et sourit.

Le sentiment qui s’empara de moi, à ce moment, n’était ni délicat, ni mélancolique ; c’était celui d’une bête fauve qui voit sa proie lui échapper. Et je me jurai, folle de rage, que celui qui m’avait humiliée de la sorte se traînerait dans la poussière, à mes pieds, malade de passion.

Je balbutiai ensuite quelques phrases, machina-