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LA FEMME SÉPARÉE

— Et toi, tu l’aimes ?

— C’est encore possible, répondis-je avec un méchant sourire.

— Et vous avez eu une scène, continua mon mari.

— « Toute une pièce », comme dit mon père, repartis-je avec un rire forcé.

Durant ce récit, le canari s’était perché sur la tête bouclée du petit amour, et clignotait, de temps en temps, ses petits yeux noirs.

Mme de Kossow le chercha du regard, et lorsqu’elle l’eut découvert, elle l’appela, en imitant son cri, du bout des lèvres. Il ne bougea pas. Cependant, lorsqu’elle ne fit plus attention à lui, et s’assit dans le petit fauteuil, en tournant la tête, il fondit sur la table comme un aigle, et se dirigea lentement, la tête baissée, comme un paysan qui gravit un sentier de montagne, de la main blanche de sa maîtresse, qui reposait sur la table, le long de son bras, s’arrêta sur son épaule, et recommença à tirailler ses cheveux et les soies de sa pelisse. Il ne se dérangea pas, quoiqu’elle cherchât à le saisir, mais se dirigea lentement jusqu’à la dentelle de sa chemisette, où il s’embarrassa les pattes. Avec une grâce sans pareille, Mme de Kossow le fit glisser dans sa kasabaïka. Il voleta, cria, et enfin disparut dans le petit-gris dont elle était doublée, le long