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L’AMOUR CRUEL

réné. Eh bien, noble Seigneur, écoutez ce que j’ai à vous dire.

Il fit une pause, pendant laquelle il considéra la manche de son caftan de soie et souffla sur les poils de la précieuse fourrure qui l’ornait.

— Allez parler à vos parents, et, s’ils vous donnent leur bénédiction, je vous donnerai la mienne.

Lorenzo voulut remercier, mais le vieillard l’arrêta :

— Ne me remerciez pas, dit-il avec un fin sourire. Parlez d’abord à vos parents.

Le jeune homme prit en hâte le chemin du palais Altoviti, enjamba les marches du haut escalier de pierre et se jeta aux pieds de ses parents, occupés à jouer aux échecs. Avec des paroles enflammées, il leur confessa son amour et son espoir.

Son père l’écouta stupéfait, tandis que sa mère se tordait les mains et sanglotait sur l’égarement de son fils.

— Jamais une Juive, eût-elle reçu le saint baptême, ne passera le seuil de ma maison, dit enfin le vieux Altoviti, sans mouvoir un muscle de son visage. C’est là ma volonté inébranlable, Lorenzo. Pas un mot de plus sur cette affaire.