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LA CZARINE NOIRE

En un clin d’œil, tous les boyards étaient à terre.

— Eh bien, Wladimir, qu’en dis-tu ?

Wladimir se jeta aux pieds de la rebelle.

— Règne, dit-il, je serai ton esclave.

Elle avait croisé les bras et le considérait avec un plaisir cruel.

— Non, dit-elle en riant, ce serait dangereux. Tu vois qu’il est trop facile à un esclave de devenir le maître. Il faut que ta tête tombe, si je dois régner, et je veux régner.

— Narda, cria le czar épouvanté.

— Eh bien, ne suis-je pas cruelle ? Je te prends au mot et fais ce qui me plaît. Grise-toi de mes cruautés et de la volupté de mourir sous ma main. Car je te ferai mourir.

— Grâce !

— Je veux bien t’accorder une grâce et constater jusqu’où va ton amour. Baise mon pied une dernière fois.

Elle lui tendit son pied, sous sa robe de soie éclatante. Wladimir y pressa ses lèvres sèches et fiévreuses.

— Et maintenant, prépare-toi à mourir.

— Narda, cria le prince, cela ne peut être ton sérieux.