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L’AMOUR CRUEL

arrogant, je vous l’abandonne en dédommagement du tort qu’il vous a fait. Mais je vois quatre plaignants, quatre personnes lésées. Je serai juste. Écartelez-le et donnez à chacun sa part.

La foule eut un mouvement de recul.

— Que ce soit là la fin du jeu, cria Islow, le vaillant capitaine. Jetez-la à bas du trône. Qui donc se soumettrait à une esclave ?

Les boyards se précipitèrent sur Narda, les lances des femmes les repoussèrent.

— Que ce soit là la fin de votre règne, cria Narda. Qui donc se soumettrait à des esclaves ?

Les femmes, aidées du peuple, jetèrent à terre les révoltés et les chargèrent de chaînes.

La foule acclamait la czarine.

Wladimir fit un mouvement, un geste de Narda le retint. Triomphante et narquoise, elle s’avança au milieu des orgueilleux, réduits à l’impuissance.

— Préparez-vous à mourir, dit-elle.

Une expression de sévérité impitoyable contractait son beau visage.

— Repentez-vous de vos péchés et priez.

Devant cette attitude inexorable, l’orgueil des boyards se brisa. Ils tombèrent à genoux, pleurant et suppliant.