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L’AMOUR CRUEL

coucher du soleil. Jusque-là, vous serez ma garde du corps.

— À la vie, à la mort ! cria Olga.

— À la vie, à la mort, répétèrent ses compagnes.

Il y avait là, réunies, plus de quarante femmes de classes et de races différentes, quelques-unes d’une beauté classique, magnifique butin de nombreuses et victorieuses campagnes. Tous les charmes de la femme, tous les types, toutes les couleurs de peau et de cheveux étaient représentés.

— Où est la négresse ? interrogea Narda.

— Au cachot.

— Tigris ? Et pourquoi ?

— Elle a tué son gardien.

Narda fit un signe et Tigris lui fut amenée. C’était une superbe femme, qui semblait découpée dans de l’ébène. Une femme troublante par la splendeur nocturne de son corps de bacchante, par le rire cruel de son visage félin et par le sanguinaire éclat de ses yeux voluptueux.

— Tu as tué un homme ? fit Narda d’un ton sévère.

La négresse s’inclina.