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LA CZARINE NOIRE

avec le droit de vie et de mort. Vous n’obéirez qu’à elle, à elle seule, si la vie vous est chère, car moi, le grand czar, je suis aujourd’hui moi-même son esclave et lui rends hommage à genoux.

Solennellement, Wladimir mit un genou en terre et tendit à son esclave un cercle d’or, qu’elle saisit avidement et posa sur sa tête. Au même moment tous les hauts dignitaires, boyards, gens de cour, serviteurs et guerriers se prosternèrent et lui rendirent hommage.

— Je vous salue en souveraine, dit Narda, la tête haute et d’une voix mélodieuse. Que mon règne soit un règne de paix et de bonheur. Pendant sa durée, aussi loin que mon sceptre s’étend, aucun homme ne portera une arme. En signe de paix et de douceur, des femmes formeront ma garde.

« Que cent cavaliers enfourchent leur monture, emportant chacun un sac plein d’or de mon trésor, et qu’ils répandent cet or parmi mon peuple.

« À midi, je rendrai la justice, comme le firent mes aïeux, en plein air, sous le vieux tilleul, devant notre château des czars. Chacun y pourra comparaître et défendre ses droits. Je l’entendrai et jugerai, selon ma conscience et la coutume.

« Deux heures avant le coucher du soleil, je vous