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LA CZARINE NOIRE

— Pour combien de temps ? interrogea l’esclave, et sa question sonna désespérée, menaçante, sous la voûte de la salle.

— Est-ce que je ne t’aime pas ? demanda le czar étonné.

— Tu aimes ces cheveux, s’écria Narda, en déchirant les lacets de corail.

Les perles s’égrenèrent comme des gouttes de sang et roulèrent sans bruit sur la peau d’ours. Les ondes dorées s’échappèrent, inondant Wladimir de leur tiède splendeur.

— Tu aimes ces cheveux dont tu peux t’envelopper comme d’un manteau ; ces yeux où rayonne la jeunesse ; ces lèvres que fait fleurir le printemps ; ce corps de marbre qu’on croirait dérobé à un temple de Vénus.

Elle entr’ouvrit sa pelisse, découvrant un torse de déesse.

— Tu m’aimes, tu n’aimes que moi. M’aimeras-tu, quand je serai autre ?

Elle ensevelit son visage dans les coussins, en poussant un son rauque. Priait-elle ou pleurait-elle ?

Le czar passa son bras autour de ses larges hanches, il baisa sa nuque, ses cheveux, sa petite oreille :