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L’AMOUR CRUEL

battait pour moi, lorsque passa un homme à cheval, beau comme un jeune dieu. Ses yeux tombèrent sur moi et, dans le regard qu’il me jeta, il y avait plus de tristesse et d’ardeur que de convoitise. Quelque chose alors cria au fond de mon âme : « Tu ne seras qu’à lui, rien qu’à lui ! » — Qui est cet homme au cheval noir ? demandai-je au premier venu. — C’est le grand czar, me fut-il répondu.

Il avait passé. Je ne voyais plus que l’hermine dont sa tunique était bordée et qui fouettait la croupe de son cheval. Les épées recommencèrent à se croiser. Soudain, un grand vieillard se fraye un chemin vers moi dans la mêlée, et dit : « Cette femme est au czar ! » La horde se prosterna le visage contre terre… Ainsi je devins tienne.

Narda se pencha vers son maître et l’attirant passionnément à elle, enlaça ses bras autour de son cou.

— Tu voulais être mienne ? reprit Wladimir, et tu me griffas quand je voulus t’embrasser.

Narda se mit à rire.

— Tu me tournais le dos quand j’approchais. Un silence hautain accueillait mes paroles. Qu’as-tu fait pour me plaire ?

— Je ne voulais pas plaire, je voulais être aimée.