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L’AMOUR CRUEL.

— C’est ici.

Sabbathai regarda sa femme et soupira. Il souffrait des tortures indicibles.

— M’obéiras-tu ? demanda-t-elle.

— Je t’obéirai.

— En tout ?

— En tout.

— Fais donc ce que le Seigneur t’ordonne par ma bouche. Demain tu dois paraître devant le sultan, c’est pourquoi, Sabbathai, tu dois te purifier pour l’œuvre sublime. Tu subiras une pénitence cruelle ; mais, après, tu recevras ta récompense.

— Je suis prêt à faire ainsi que tu l’ordonnes, dit Sabbathai avec solennité.

— Tu vas, poursuivit Miriam, prendre un bain ici même, au confluent des trois fleuves, à l’heure de minuit.

Sabbathai obéit en silence et descendit dans les flots. C’était pendant la nuit qui suit le 28 du mois Ellul, le 16 septembre. L’air était froid et l’eau glaciale, mais Sabbathai ne s’en effraya pas. Tout à coup, il vit que Miriam aussi s’était dépouillée de ses vêtements et plongée dans le fleuve.