Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/380

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
364
L’AMOUR CRUEL.

fit, en quelques jours, de nombreux partisans. Mais, là aussi, quand il se déclara le Messie et prononça le nom de Dieu, il fut condamné à mort.

Alors il parcourut la Morée, partout persécuté et honni, et s’embarqua pour l’Égypte et Jérusalem.

À Gaza, vivait un juif allemand du nom de Nathan Benjamin universellement estimé pour sa science et sa sagesse. Il avait épousé la fille d’un homme considérable, Samuel Lisabona, et, en dépit de tout son savoir et de sa connaissance profonde du Talmud et de la cabbale, était un homme enjoué et spirituel, apprécié dans toutes les sociétés.

Tout à coup, il se mit à vivre à l’écart et à faire pénitence, prêchant l’arrivée du Messie, et lorsque Sabbathai parut à Gaza, Nathan l’annonça en ces termes :

— Voici le libérateur d’Israël, il n’en est point d’autre, c’est de lui que parlent les prophètes.

Sabbathai invita Nathan à se rendre auprès de lui, et c’est en tremblant que Nathan passa le seuil de sa demeure.

Il se prosterna le visage contre terre, incapable de prononcer un mot.