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L’AMOUR CRUEL.

Adam. Veux-tu me donner en mariage ta fille Hannah ?

Hannah était assise au fond de la chambre, devant un précieux tissu qu’elle entrelaçait de fils d’or. Elle vit Sabbathai et l’aima.

— Je veux être sa femme, s’écria-t-elle avec ferveur, pour que la volonté de Dieu s’accomplisse en lui.

Sabbathai trembla en entendant cette voix, qui lui parut une musique suave.

Il regarda la vierge : des boucles noires flottaient autour d’elle comme des ailes de corbeau.

— Dieu parle par ta bouche, dit-il. Tu m’as été prédestinée par la Bathkol[1], mon doux tourment.

Sabbathai, dans ce second mariage, se supplicia d’une manière inimaginable. La moitié de la nuit, il couchait auprès de sa femme, puis il s’étendait jusqu’au matin sur un lit d’épines, qui mettaient son corps en sang ; ou bien, le jour du sabbat, il prenait, avec Hannah, un repas savoureux, et res-

  1. Selon le Talmud, voix céleste qui annonçait à la naissance de chaque garçon l’épouse qu’il aurait.