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LA CZARINE NOIRE

Des peaux d’ours jonchent le sol.

Exhaussée sur des coussins moëlleux, la belle esclave se prélasse. L’un de ses pieds se pose sur le maître couché, comme sur un escabeau.

De sang russe, comme lui, elle unit à une taille souple et élancée, des formes d’une grâce opulente.

Un ample vêtement de soie foncée, une tunique doublée de sombre fourrure et bordée de même, enveloppent de leur caresse douce, sa royale beauté. Ses blonds cheveux défaits sont retenus dans leur chute par les rouges rangées de corail marin, formant un fonds d’or au délicat ovale. Les traits sont doux, presque fondus ; les grands yeux sombres sous les longs cils noirs, semblent ne caresser que des rêves et des chimères. Mais les lèvres sanguines de la mignonne bouche bien arquée, sont fortement serrées l’une contre l’autre, et le menton court termine le profil en une ligne brève et dure.

Son bras rond, d’une forme classique, et sa main transparente et veinée aboutissent aux doigts courts qui caractérisent les assassins et les tyrans.

Ces petits doigts jouent nonchalamment avec