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ARIELLA

me suivre, les délices suprêmes de l’amour vous attendent, et tout ce que votre imagination d’artiste a rêvé dans Vénus et Adonis et Roméo et Juliette, deviendra réalité.

Shakespeare ne douta pas un seul instant de la sincérité de ces paroles, car Londres, à cette époque galante, était coutumière d’aventures de ce genre, plus ou moins poétiques, mais jamais il ne s’était senti moins disposé à écouter le séduisant appel d’une aristocratique Putiphar.

— Excusez-moi auprès de votre maîtresse, répondit-il, mais mon âme est, cette nuit, pleine d’une émotion sainte, et je ne puis tomber aussi subitement de mon ciel sans nuage, sur cette terre de brouillards anglais.

— Ah ! vous en aimez une autre !

Shakespeare garda le silence.

— Ma maîtresse, poursuivit l’inconnue, est belle, spirituelle, jeune et riche. Veuve depuis deux ans, elle dispose librement de sa main et de son cœur. Ce n’est pas une femme galante qui vous invite, la chose est sérieuse et honorable.

— Je vous remercie.

— Vous aimez, maître William, dit le masque