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L’AMOUR CRUEL

vant laquelle se rendait la justice, sur la haute chaire de la chapelle et au fond des cachots éventrés.

Mais à l’époque où se passe cette histoire, les murailles se dressaient encore, menaçantes, dans le ciel rouge du soir, et les murs du palais scintillaient dans le miroitement de leur splendeur orientale.

Le grand czar Wladimir est couché aux pieds de son esclave.

La fenêtre est ouverte et son arche grandiose entoure d’un cadre somptueux le paysage hivernal.

Les coupoles de Halycz s’embrasent sous les derniers rayons du soleil, tandis que des ombres profondes descendent, comme un brouillard, sur la plaine blanche s’étendant à perte de vue. Les tours isolées de quelques nobles boyards en émergent comme des mâts bleuâtres ; de petits villages semblent des troncs d’arbres déchiquetés, et, dans un lointain crépusculaire, la sombre ligne des monts boisés se découpe sur des nuages blancs.

La grande salle, au centre de laquelle se trouve un lit de repos, est transformée en tente par les plis lourds d’une soie tissée de fils d’or, tombant de la clé de voûte le long des murs.