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L’AMOUR CRUEL

Puis elle quitta sa loge.

Peu à peu, l’effervescence se calma : le rideau put être descendu, et le public se dispersa, tandis que, sur la scène, les comédiens entouraient Shakespeare, et que Burbadge lui posait une couronne sur le front.

Soudain parut l’officier des hallebardiers suivi de ses hommes, il enjoignit à Shakespeare de le suivre. En vain, les comédiens supplièrent et menacèrent, l’officier saisit le poète assez rudement par le bras, en conseillant à ses amis de respecter la loi.

Les gardes prirent entre eux le poète couronné et s’apprêtaient à l’amener à la Tour. Mais, en sortant du théâtre, ils se heurtèrent à un nouvel et insurmontable obstacle. Excité par les étudiants et les matelots, le public s’était massé dans la rue et réclamait avec des cris assourdissants la liberté du prisonnier, et, comme l’officier faisait mine de se frayer un chemin à l’aide de son épée, le brave Jack, toujours prêt à risquer sa vie pour Shakespeare, excita le peuple à attaquer les soldats et délivrer de force le grand William.

Déjà les pierres volaient sur les hallebardiers, lorsque Southampton parut, acclamé par la foule, et interpella l’officier :