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L’AMOUR CRUEL

telots, qui le reconnaissant, s’écartèrent avec respect.

— Vous allez voir, dit lord Glendower à ses amis, comme je vais lui régler son compte.

Puis, se tournant vers les écrivains, il lança, si haut que chacun pouvait l’entendre :

— Très honoré Ben-Jonson, vous êtes bien de l’avis que nos entrepreneurs de spectacles font jouer les rôles féminins par des femmes, comme moyen d’attirer le public. Les fictions de ces grossiers poètes ne suffisant pas, ils prennent à leur secours des clowns et de jolies filles. C’est ainsi que prospère le théâtre du peuple.

— Je tiens que les rôles d’hommes doivent être tenus par des hommes, et ceux des femmes, par des femmes répondit Ben-Jonson.

Shakespeare ne sembla pas avoir entendu la provocation, car il n’interrompit pas son entretien avec les acteurs, auxquels il développait le plan de son Richard III.

— Ce sera un rôle pour toi, Burbadge ! Là, tu pourras déchaîner en tempête tous les éléments de la nature humaine : lâcheté et courage, hypocrisie et amour ; la haine et la soif du sang, ainsi que les remords et l’angoisse du trépas.