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ARIELLA

gaire et jusqu’au grossier. En assistant à ses pièces, on se croit tantôt à une tragédie et tantôt à une farce.

— Très juste, fit Marlowe en coupant la parole au pédant. Shakespeare aspire à créer un drame populaire. Il n’écrit pas pour les savants, mais pour le monde entier qui ne saurait s’intéresser exclusivement aux questions d’État. Il cherche à rendre la vie telle qu’elle est, le monde suivant son cours, et où, il faut en convenir, le rire côtoie journellement les larmes. Je considère cette voie comme la seule vraie.

— Vous prêchez pour votre paroisse, cria Thomas Hughes, car vous, aussi, êtes infidèle aux règles de l’art élevé. Mais, comme c’est avec moins de succès, vous êtes moins dangereux.

— Je n’ai pas l’audace de Shakespeare, murmura Marlowe, ni peut-être son génie. Voilà tout. Tous, vous blâmez Shakespeare, sa manière et son but, et vous jouissez de vos critiques. Mais moi, je dois voir comment un autre réussit ce que j’ai tenté, comment un plus grand atteint ce que j’ai ambitionné, c’est là ce qui me rend misanthrope. Je hais Shakespeare, peut-être parce qu’au