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L’AMOUR CRUEL

que c’est un sonnet que vous récitez là ? cria-t-il. Ne rompez pas les vers, Burbadge, et vous, Ariella, ne savez-vous pas donner un baiser ?

— Il paraît que non.

— Dois-je vous l’enseigner ?

— Il faudrait savoir d’abord si je veux l’apprendre.

— Elle a toujours une réponse toute prête, dit Shakespeare, en se tournant vers Southampton. C’est une récalcitrante, surtout avec moi. Mais il est des moyens d’apprivoiser ces douces colombes.

Ariella haussa les épaules.

— Essayez-le donc, sir William. De vous, j’accepte le défi.

— Revenez à votre sujet, supplia Burbadge.

— Le sujet est précisément un baiser. Un baiser qu’Ariella souffle en l’air au lieu de le poser sur vos lèvres.

S’approchant de Juliette, il lui prit la main.

Ce n’était plus Shakespeare, c’était Roméo en personne, et, pourtant Shakespeare plus que jamais, lorsqu’il déclama ces vers :

« If I profane with my unworthy hand
This holy shrine, the gentle fine is this :