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ARIELLA

laquelle tout le monde était tué. Cela se passait en France.

— Sanglante ! s’écrièrent les trois amis à la fois. Tout le monde tué ? Cela ne peut être que Marlowe. Le drame ne s’appelait-il pas : Le Massacre de Paris ?

— Ainsi donc, reprit Glendower, à Londres, la cour entretenait sa troupe et chaque Lord, la sienne. Or, il y a juste seize ans, puisque c’était en 1576 et que nous sommes en 92, les comédiens du comte Leceister acquirent le couvent désaffecté des frères noirs et y montèrent leur scène.

— Ah ! je comprends. Et on y joue la comédie dès le matin ?

— Non, grand bénêt, railla Glendower, on ne fait que répéter la pièce qui doit être jouée ce soir. William Shakespeare veut, à l’aide de ce drame, donner le coup de mort aux tragédies copiées sur les anciens, telles que les font les écrivains savants. C’est une histoire d’amour qui, paraît-il, s’est passée à Vérone.

— Shakespeare ! fit l’officier, est-ce là un poète ? Je connais, à Stratford, un marchand de laine de ce nom.

— Très exact. C’est son père.