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L’AMOUR CRUEL

— Tu te moques, fit l’officier, incrédule, qu’iriez-vous faire dans un couvent de frères noirs ?

Les trois jeunes gens partirent d’un formidable éclat de rire.

— Écoute, Amias, reprit Glendower, c’est un joyeux monastère que celui où nous allons, car on y joue la comédie et il y a là des nonnains aussi aimables que belles.

— Comment dois-je l’entendre ?

— Jeune homme, aurais-tu dormi cent ans en quelque forêt enchantée ?

— Ami, tu connais notre vie de campagne. Les nouvelles n’y parviennent qu’à l’état de pain rassis.

— Mais il y a longtemps que ce n’est plus une nouveauté même ancienne, que nous possédions à Londres, notre théâtre fixe et même plusieurs, fonctionnant toute l’année. Jadis, les comédiens parcouraient le pays, jouant tantôt dans une église, tantôt dans une salle de tribunal, ou dans une école, ou, encore, dans le château d’un Lord, et, quand il le fallait, dans une grange, devant des matelots et des paysans.

— Oui, j’en ai vu à Stratford, repartit l’officier. Ils représentaient une pièce sanglante, à la fin de