Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/318

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
302
L’AMOUR CRUEL

vint au-devant de la guerrière, avec des cris d’admiration. Son premier soin fut de s’occuper de Mak, le meurtrier d’Igor. Il tressaillit en revoyant la jeune femme, dont l’attitude était empreinte d’une sombre majesté. Vêtue de zibeline, elle était étendue sur un divan et entourée d’esclaves, parmi lesquels il reconnut les hommes les plus considérables de son pays.

— Je t’ai promis, commença-t-elle avec un ironique sourire, un châtiment plus cruel que la mort. La Podolie vaincue rampe à mes pieds ; ses nobles sont esclaves, ses villes incendiées, Iskoretskou n’est plus qu’un tas de cendres.

— C’est impossible, s’écria Mak atterré.

— Cela est, affirma la czarine, et ton châtiment sera de survivre à la honte et à la déchéance de ta patrie. Tu seras mon esclave, moins encore, une bête que chacun pourra repousser du pied. Faites ce que j’ai dit.

Quelques esclaves se saisirent du prince et, à coup de haches, lui coupèrent les mains et les pieds. Sa vie durant, le malheureux fut condamne à ramasser avec la langue, les miettes tombées de la table d’Olga.

Olga régna à Kiew au nom de son fils mineur,