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LES NOCES SANGLANTES DE KIEW

leur attachèrent aux pattes de l’étoupe enflammée et leur rendirent la liberté. Les oiseaux reprirent leur vol vers la cité de bois, y portant le feu destructeur. Bientôt, tous les toits d’Iskoretskou, ainsi que les tours du château, furent la proie des flammes. Dans l’impuissance où ils étaient d’arrêter l’incendie, les habitants ne songèrent qu’à fuir, mais les assiégeants les repoussèrent, les armes à la main. Ceux qui ne périrent pas sous le fer, furent victimes du feu. La czarine, assise sur le tertre funéraire de son époux, assista au spectacle, le cœur rempli d’une infernale joie, jusqu’à ce que la ville entière ne fût plus qu’un monceau de cendres.

Puis elle parcourut la Podolie en tous sens, réduisant la population par le fer et par le feu, pillant, châtiant, décapitant, jusqu’à ce qu’enfin tout le pays rampât dans la poussière à ses pieds. Les boyards prisonniers devinrent esclaves. Elle en choisit plusieurs pour elle et distribua le reste parmi ses guerriers, qui les attachèrent à la queue de leurs chevaux. En quittant le pays, elle y laissa un gouverneur chargé d’y régner avec la plus extrême rigueur.

Sa rentrée à Kiew fut un triomphe. Le peuple