Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/309

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
293
LES NOCES SANGLANTES DE KIEW

boyards dans les salles qu’au peuple dans la cour.

Au fond de la dernière salle, étaient assis, côte à côte, sur une estrade, le prince des Dérewlans et la czarine Olga, qu’il croyait sienne à tout jamais. Le prince buvait et mangeait de bon cœur et les paroles d’amour coulaient avec abondance de ses lèvres. Olga l’écoutait, silencieuse et froide comme un marbre. Elle ne toucha à aucun mets, ni n’humecta ses lèvres à une coupe.

Les hommes festoyèrent jusque très avant dans la nuit, lors même que le prince et la czarine se furent retirés, pour se rendre à la chambre nuptiale splendidement décorée.

L’audacieux Mak qui ne craignait rien, pas même les dieux, tressaillit en franchissant le seuil, saisi d’un frisson étrange, comme si un souffle de mort l’eût effleuré. Était-ce l’amour, la passion, qui l’étreignait ? ou bien, alors,… qu’était-ce ?… Il ne sut s’en rendre compte. Pendant qu’il déposait sa tunique et sa ceinture et défaisait son sabre, Olga se retira avec ses femmes derrière un rideau blanc, qui séparait la chambre par le milieu. Puis, ayant éloigné ses femmes, elle appela le prince auprès d’elle. Celui-ci rejeta le rideau et vit la merveilleuse créature, assise sur la couche royale.